• Alfred Fouillée, un philosophe à relire, par Alain Mallet

    Alain Mallet est le co-auteur, avec Jean-Claude Monier, d'un essai sur le philosophe Alfred Fouillée. Il nous indique ici pour quelles raisons il s'agit d'un auteur à découvrir. 

    « Le temps est peut-être (re)venu de lire Alfred Fouillée »

    Je suppose que certains d’entre vous ont dû se poser la question : « pourquoi diable écrire un livre sur un auteur à ce point oublié ? ». Et ils ont dû se rappeler la phrase par laquelle Bergson, un contemporain de Fouillée, conclut un des chapitres de La pensée et le mouvant : « On n’est jamais tenu d’écrire un livre ». C’est une question qu’en tout cas je me suis posée.

    Et pour ce qui me concerne, j’ai une première réponse en terme d’excuse : ce n’est pas moi, c’est mon ami Jean-Claude Monier qui le premier en a eu l’idée. Plus sérieusement, il nous a semblé, à Jean-Claude Monier et à moi, que nous étions non pas tenus mais du moins autorisés à écrire ce petit livre parce qu’il nous fallait réparer une injustice et que (c’est la dernière phrase du livre) « le temps est peut-être (re)venu de lire Fouillée ».

    Repères biographiques D’abord quelques repères biographiques. Alfred Fouillée est né en 1838, mort en 1912 ; il se fait très tôt remarquer par la publication de deux ouvrages consacrés à Platon et à Socrate, ouvrages qui lui valent chacun un prix de la part de l’Académie des Sciences morales et politiques. Il soutient une thèse à la soutenance de laquelle assiste Gambetta. Ensuite, très vite dispensé d’enseignement à cause de problèmes de santé, il a tout le temps pour écrire des livres, une trentaine, plus de nombreux articles, livres qui sont tous l’objet de plusieurs rééditions de son vivant. Il a donc d’abord commencé par être beaucoup lu et apprécié . Mais il est très vite oublié : en 1927, quinze ans après sa mort, Georges Canguilhem écrit « Qui lit Fouillée aujourd’hui ? Qui le lira dans dix ans ? ». Elisabeth de Beaucoudray, auteur en 1936 de la seule thèse à lui avoir été consacrée, écrit de son côté qu’ « après avoir été très lu – les éditions successives en font foi – Fouillée est très oublié ». Il n’est pas question aujourd’hui d’exposer en détail la philosophie d’Alfred Fouillée. Je voudrais plutôt essayer de montrer pourquoi il a d’abord été beaucoup lu, pourquoi il a ensuite été oublié, et pourquoi « le temps est peut-être (re)venu de lire Fouillée ».

    Fouillée lecteur. Fouillée est d’abord un lecteur. Il avance ses propres thèses à partir de la lecture originale qu’il fait de certains auteurs, en particulier Platon, Descartes, Kant et Nietzsche qu’il est un des premiers à avoir lu en France. Et par sa lecture originale, Il nous les fait lire autrement que nous ne le faisons habituellement. En ce sens il nous dépayse en pays de connaissance Mais il nous invite aussi à lire des philosophes, dont l’influence fut et reste considérable, bien qu’aujourd’hui oubliés, comme Spencer. Enfin il nous invite à reconsidérer nos idées 2 préconçues sur Darwin. En résumé il nous propose une reconfiguration des pièces de notre paysage mental.

    Une philosophie moniste. Par ses lectures il présente sa philosophie, qui se veut une philosophie « moniste », c’est-à-dire qui admet un seul principe explicatif, « l’idée-force ». Ce qu’il fait en se situant par rapport à des philosophies dualistes, ou supposées telles, comme celles de Platon, de Descartes, de Kant.

    Platon. S’agissant de Platon, Il ne s’oppose pas tant à Platon qu’à une lecture dualiste de ce dernier, lecture qui fait de Platon le philosophe des deux mondes, monde sensible et monde intelligible. Pour Fouillée le « vrai platonisme » c’est celui qui dit que le Bien est aimable, est désirable, et que le monde sensible tend à se dépasser, l’idéal étant pour Fouillée une dimension du réel. D’où la notion d’« idée-force », qu’il trouve chez Platon. La coupure, pour lui, n’est pas entre le réel et l’idéal, mais entre le réel, dont l’idéal est un élément, et « la chimère ». L’attrait du bien est le trait d’union qui donne de la force à l’idée. Une idée n’est pas une simple représentation, c’est une force, et c’est la même chose que de sentir, éprouver, désirer et penser. « En construisant une théorie des idéesforces, nous croyons être restés fidèles à l’esprit du platonisme quoique nous ayons ramené l’idéal des hauteurs du monde intelligible dans le monde même du devenir et de l’évolution ». L’idéal est dans le monde, est du monde, ce qui fait que le devenir est évolution.

    Descartes et le dualisme S’agissant de Descartes, Fouillée s’oppose à lui en qui il voit le meilleur représentant du dualisme moderne (matière/pensée, âme /corps). Le principal reproche adressé à Descartes est d’ « avoir creusé un fossé entre le monde physique et le monde moral… d’avoir retiré de la nature toute conscience et toute vie ». D’où il résulte que le monisme de Fouillée sera un monisme vitaliste qui affirme une gradation du minéral à l’humain, qui fait de la nature une conscience endormie et surtout ne fait pas de la conscience le privilège des seuls humains. « Descartes eut le tort de déclarer nulle l’existence d’une conscience chez les animaux ». Kant et Nietzsche –

    Nature et morale. S’agissant enfin de Kant et de Nietzsche, l’intérêt de la lecture de Fouillée réside en ce qu’il relativise l’ opposition selon laquelle on les présente. Kant celui qui fonde la morale, Nietzsche celui qui en fait la généalogie, qui la « déconstruit » en pensant « par delà le bien 3 et le mal ». Le moralisme de Kant oppose la vertu au bonheur, le devoir à l’intérêt et au plaisir ; Nietzsche renverserait le kantisme et offrirait une contre-morale qui valoriserait la nature, mais les deux philosophes partagent toutefois le même postulat selon lequel la morale s’oppose à la nature. Fouillée reproche à Nietzsche de réduire la morale à l’obligation, au devoir, ce en quoi il est encore kantien. A l’inverse, en accord avec Guyau, son fils adoptif, auteur de « Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction », il refuse de faire de l’obligation l’unique expression de la morale. A l’ « impératif » kantien, Fouillée substitue la notion de « persuasif ». Si le bien attire, inspire (Platon), la morale persuade, un peu à la manière de « l’appel » bergsonien. Bien loin d’apparaître à la conscience comme une instance qui contrarie les inclinations sensibles, le « persuasif » se présente comme l’expression de la vie qui se manifeste sous sa forme la plus développée. La morale ne s’oppose pas au désirable (cf. Platon) mais rejoint et exprime ce que la vie, la nature, désire au plus profond d’elle-même. Pour Fouillée, c’est donc ou Guyau ou Kant et Nietzsche rassemblés dans la même fausse conception de la morale. Fouillée avec Guyau, une morale qui s’accorde avec la nature, qui en est même l’accomplissement, Kant ou Nietzsche, une morale qui s’oppose à la nature. Sur le plan de l’héritage philosophique, la lecture qu’il fait de Platon, de Descartes, de Kant montre que Fouillée est plus proche des Anciens que des Modernes.

    Fouillée, l’évolutionnisme et le darwinisme social Mais Fouillée ne lit pas seulement les philosophes . Il s’intéresse à un aspect de la science de son temps, la théorie darwinienne de l’évolution, et à un courant philosophique, l’évolutionnisme, qui ne se contente pas d’être une simple vision du monde, mais contient aussi une dimension morale et politique, ce qu’on a appelé le « darwinisme social », que l’on pourrait présenter ainsi : il y a continuité des sociétés animales aux sociétés humaines, qui relèvent donc des mêmes lois. Si l’on veut légitimer une pratique morale ou politique, on ne peut le faire qu’avec l’aide de la science, et plus précisément avec la théorie de l’évolution. Et ceci est d’autant plus nécessaire si l’on se réclame d’une pensée progressiste. Le progrès ne peut être que la continuation par les sociétés humaines de l’évolution commencée dans le monde végétal et animal. Cela implique, en premier lieu, l’acceptation de l’idée de « la lutte pour la vie » traduite en « loi de la concurrence » et « sélection des plus aptes ». On peut citer Spencer (1820-1905), le darwinisme social, ce n’est pas Darwin, c’est Spencer: « La pauvreté des incapables, la détresse des impudents, l’élimination des paresseux, cette poussée des forts qui met de côté les faibles et en réduit un si grand nombre à la misère, sont le résultat d’une loi générale et bienfaisante : la loi de sélection naturelle ». Pour le darwinisme social, le libre jeu de la concurrence est la traduction sociale 4 de la loi de sélection des plus aptes, et elle tient lieu de programme pour une politique qui se veut progressiste. Projet : synthèse conciliatrice On a maintenant tous les éléments pour comprendre le projet et le problème de Fouillée. Il s’agit de trouver le principe de la morale (c’est-à-dire essentiellement l’altruisme) dans la nature, lors même que la théorie scientifique du moment nous enseigne que la loi d’évolution de la nature, c’est la lutte pour la vie, c’est la sélection des « plus aptes », l’élimination des plus faibles, en un mot l’égoïsme. Comment faire la « synthèse conciliatrice » (c’est l’expression par laquelle il désigne sa méthode) de la science et de la philosophie, de la nature et de la morale? Comment accepter le darwinisme tout en refusant le darwinisme social ? Comment être évolutionniste sans être spencérien ? ( Pourquoi étayer la morale sur la science ? Avant de répondre à la question « comment », il faut répondre à la question « pourquoi », pourquoi vouloir concilier science et philosophie, nature et morale ? Fouillée partage avec Nietzsche l’idée que « Dieu est mort », qu’il comprend comme signifiant qu’aucune instance transcendante, religieuse ou métaphysique, ne peut plus légitimer quoi que ce soit, notamment la morale. Mais il partage avec nombre de ses contemporains l’idée que « les seules vérités consistantes capables de rallier les consciences modernes sont les vérités scientifiques » (C. Bouglé). Si l’on veut légitimer et encourager la morale, c’est-à-dire l’altruisme, et il faut le faire pour contrecarrer l’égoïsme individualiste encouragé par les efforts conjoints de la concurrence et du darwinisme social, on doit donner une assise scientifique à la morale. L’autorité en matière de morale, ce ne peut plus être la religion, des principes métaphysiques transcendants, la seule autorité qui reste c’est la science. Mais si l’on répond ainsi à la question « pourquoi faut-il étayer la morale par la science ? », reste la question « comment cela est-il possible, si la science semble enseigner l’égoïsme, la concurrence, c’est-à-dire des préceptes qui vont à l’encontre de la morale commune ? ». )

    Darwin, Fouillée, Bouglé Pour comprendre la réponse de Fouillée, il faut la comparer avec deux autres réponses, celle de Darwin et celle de Célestin Bouglé, autre personnage oublié dont l’influence a été considérable dans le paysage intellectuel en France. Darwin, Fouillée, Bouglé, trois manières de s’opposer au darwinisme social. - a) Darwin 5 C’est le Darwin de la Descendance de l’homme (1871), où ce dernier soutient la thèse que l’évolution est conduite « travailler à son propre déclin », les « instincts sociaux » puis la morale prenant, sous l’effet même des lois de l’évolution, le relais des instincts agressifs. C’est ce que Patrick Tort, spécialiste de Darwin, appelle « l’effet réversif » de l’évolution qui consiste en ce que « la sélection naturelle sélectionne la civilisation, qui s’oppose à la sélection naturelle ». Darwin s’oppose donc au darwinisme social. Il suffit de lire cette phrase de Darwin : « Notre instinct de sympathie nous pousse à secourir les malheureux … La sympathie, d’ailleurs… tend à devenir plus large et plus universelle. Nous ne saurions restreindre notre sympathie, en admettant même que l’inflexible raison nous en fît une loi, sans porter atteinte à la plus noble partie de notre nature ». -b) Fouillée La démarche de Fouillée est sensiblement différente. Certes comme Darwin, et contre le darwinisme social, Il affirme que l’évolution, si elle commence avec la sélection naturelle, la lutte et la concurrence, tend vers la coopération, l’altruisme en morale et la démocratie en politique. Mais alors que Darwin pense l’évolution à partir de son origine, et que pour lui le problème est de comprendre comment la sociabilité peut naître de la lutte pour la vie, comment la morale peut naître de l’instinct, comment l’humanité peut naître de l’animalité ( effet réversif), pour Fouillée, à l’inverse, il faut penser l’évolution à partir de son état développé. Ce qui nous est donné, par « l’expérience interne » (pour Fouillée, l’expérience ne se limite pas à l’expérience externe), c’est l’humanité, c’est la moralité, et c’est à partir de ces réalités qui nous sont données, qu’il faut penser l’animalité, l’instinct. Ce qui le conduit à aménager son monisme initial et à considérer l’évolution d’une manière originale par rapport à la position évolutionniste habituelle. « Le monde vivant est tout entier régi par deux lois, celle de la concurrence pour la vie et celle de l’accord pour la vie ». Mais elles ne sont pas également présentes dans les phénomènes, et l’évolution est précisément le processus par lequel la seconde loi l’emporte progressivement sur la première. Si l’on prend la notion d’évolution au sérieux, il faut admettre que « l’évolution évolue » et que la loi initiale de « sélection naturelle » est appelée à être dépassée. On ne comprend rien au sens de l’évolution si on ne la pense qu’à partir de son origine, c’est-à-dire de la première loi. C’est pourquoi l’animalité doit être pensée à partir de l’humanité plutôt que l’inverse. C’est la fin de l’évolution qui en éclaire l’origine. L’évolution est le processus par lequel l’accent passe de la force (première loi) à l’idée (seconde loi). L’évolution, d’abord involontaire devient volontaire avec l’homme. Si elle commence avec l’égoïsme et la lutte pour la vie, elle ne prend sens que par sa fin, l’altruisme et la fraternité. C’est pourquoi la démocratie est l’idée-force en politique. Les sociétés sont des « organismes contractuels », en ce sens qu’il y a en elles de l’involontaire et du volontaire. La démocratie se développe au fur et à 6 mesure que la dimension « contractuelle », donc volontaire, l’emporte sur la dimension « organique », donc involontaire. -c) Bouglé C. Bouglé (1870-1940), est un des principaux responsables de l’oubli dont Fouillée est l’objet. Bouglé lui aussi veut invalider le « darwinisme social ». Mais après avoir établi que les propositions politiques inégalitaires de ce dernier ne se déduisent aucunement de Darwin, il en conclut que les thèses opposées, égalitaires et démocratiques ne s’en déduisent pas plus. Pour Bouglé il n’y a pas plus de politique ou de morale tirée de la biologie qu’il n’y a de « politique tirée de l’Ecriture Sainte ». Le domaine des pratiques humaines a son autonomie. Il faut distinguer ce qui relève de la nature et ce qui relève de la culture, c’est-à-dire retrouver une forme de dualisme. Il incarne ce qu’on appellera le « modèle culturaliste ». Le code génétique (si l’on me permet cet anachronisme) n’est pas un code moral. Husserl disait qu’ « Il n’y a pas de « zoologie des peuples ». La biologie ne nous apprend rien sur ce qu’il faut faire. En raisonnant ainsi, Bouglé s’inscrit dans la tradition à la fois de la philosophie contractualiste (Hobbes, Rousseau) qui procède par la distinction du règne de la nature (guerre de tous contre tous) et de la société (paix civile qui suppose l’institution d’un contrat) et plus généralement de la philosophie classique en ce qu’elle est dualiste (Descartes, distinction des deux substances le corps et l’âme, Kant, « le ciel étoilé » d’un côté, la « loi morale » de l’autre). Mais ce modèle est aussi celui qui s’est imposé dans le domaine de la philosophie et les sciences humaines durant la seconde moitié du XX° siècle. Ce qui a contribué à faire oublier la position de Fouillée. La position de Fouillée se distingue donc de la position des évolutionnistes style Spencer pour des raisons avant tout pratiques (morales et politiques), de la position de Darwin, par sa manière de considérer l’évolution, mais aussi malheureusement pour lui, du « modèle culturaliste » style Bouglé, pour des raisons théoriques, qui tiennent à son opposition au dualisme. Sur le plan politique, Fouillée n’est ni évolutionniste, si cela veut dire « darwinisme social », ni révolutionnaire, parce que la première loi, même si elle doit progressivement disparaître, est toujours présente, il serait « évolutionnaire » (Je me permets d’évoquer l’article co-écrit par Jean-Claude Monier et moi : Note sur la pensée sociale d’Alfred Fouillée ; une philosophie évolutionnaire ? Revue du Mauss permanente, 25 septembre 2020, en ligne). 7 J’ai montré quel était le projet de Fouillée, assurer la « synthèse conciliatrice » de l’évolution et de la morale. J’ai laissé dans l’ombre les moyens qu’il se donne pour le mener à bien, en particulier son appareil argumentatif. ( Fouillée est ainsi amené à redéfinir des notions essentielles telles que celles d’expérience, - à côté de l’expérience extérieure, il faut ajouter l’expérience intérieure comme source de connaissance, surtout lorsque l’objet à connaître est la vie -, de conscience, - il n’y a aucune raison de la réserver à l’être humain . Ce qui le conduit à remettre en question la séparation franche entre le monde animal et le monde humain, et à réhabiliter l’anthropomorphisme comme principe méthodologique.) Comment procède-t-il plus précisément? Pour le savoir, on en a déjà un avant-goût dans le livre qu’on a écrit, mais rien ne remplace la lecture de ses ouvrages accessibles en bibliothèques ou sur Internet (à part « La propriété sociale et la démocratie »)… en attendant leur réédition.

    Conclusion Pour conclure on peut répondre aux trois questions initiales : pourquoi a-t-il d’abord été beaucoup lu, pourquoi a-t-il été oublié, pourquoi le temps est-il (re)venu de le lire ? -1) Il a été beaucoup lu parce qu’il a voulu faire avec Darwin ce que les philosophes classiques avaient fait à propos de la « révolution galiléenne ». Il a pris acte de ce que Philippe Saltel appelle la « révolution évolutionniste ». Il a voulu penser les problèmes qui se posaient à son époque du fait de la découverte de la théorie de l’évolution sans renier l’héritage moral et politique de la tradition philosophique. -2) Mais le résultat dépasse peut-être son intention initiale. Il me semble que pour lui la « révolution évolutionniste » referme la parenthèse ouverte par la « révolution galiléenne ». Ce serait le sens de sa critique du dualisme cartésien….. Or la prégnance dans la pensée française du dualisme cartésien serait une des « raisons » de l’oubli dont il est l’objet. Et c’est sans doute cette prégnance qui a rendu plus acceptable l’autre dualisme, le dualisme « nature-culture » incarné par Bouglé puis par l’anthropologie culturelle. -3) le temps est (re)venu de lire Fouillée. Tout se passe comme si aujourd’hui (c’est notamment la thèse de Francis Wolff) le « modèle culturaliste » (qui pense en terme d’opposition nature/culture) initié par Bouglé, prolongé par l’anthropologie au vingtième siècle, voyait son hégémonie mise en cause, non seulement par des disciplines telles que les neurosciences, mais surtout du sein même de l’anthropologie. Je pense aux travaux de Philippe Descola, auteur du livre au titre significatif « Par delà nature et culture ». Pour ce dernier, bien loin d’être une distinction théorique à valeur universelle, la distinction « nature/culture » est une vision du monde propre à l’Occident. Descola pourrait fermer la 8 parenthèse ouverte par Bouglé, parenthèse à l’intérieur de laquelle Fouillée n’avait pas sa place.

    C’est pourquoi si la thèse selon laquelle pour penser les relations de l’homme à la nature, il faut penser « par delà le dualisme « nature et culture », alors « le temps est peut-être (re)venu de lire Fouillée »


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